L’Arganier
Originaire du Sud Atlantique Marocain, l’Arganier épineux (Argania spinosa) est un arbre oléagineux inconnu du reste de la planète. Survivante de l’ère tertiaire, son essence, très résistante à la chaleur, s’est parfaitement adaptée aux sols pauvres et secs. Dernier rempart contre la menace de désertification de son aride aire géographique, cet arbre est, depuis des millénaires, une véritable providence pour les populations Berbères rurales qui partagent son habitat. Source de nourriture pour le bétail, bois de chauffage, et surtout arbre à huile, il constitue le pivot du système agraire traditionnel de l’Arganeraie.
Opiniâtre et tenace, l’épineux Arganier force le respect et suscite l’admiration. Il possède une vitalité exceptionnelle qui lui permet d’assurer sa pérennité dans une région du globe où les fortes chaleurs (parfois plus de 50 degrés à Taroudant), la faiblesse des précipitations (environ 200 ml. annuels), et la pauvreté intrinsèque des sols décourageraient l’essence d’arbre la plus volontaire à survivre.
De nos jours, cet arbre est très menacé par le surpâturage, l’exploitation excessive de son bois et le développement des cultures maraîchères intensives. Pourtant, il présente un réel intérêt pour la lutte contre l’avancée du désert et l’érosion des sols. Domestiquée, son espèce pourrait même devenir une véritable arme écologique contre tous les déserts chauds de la planète.
Pendant des siècles, l’extraordinaire arganier s’est imposé aux êtres humains par sa générosité envers eux, et, il n’est pas péremptoire d’affirmer que les populations Berbères des versants sud de l’Atlas et des versants nord de l’Anti-Atlas, doivent beaucoup à sa présence, leur possibilité d’existence dans ces zones aussi arides. Sans arganeraies, pas de strate herbacée permettant une agriculture vivrière, pas non plus d’élevage caprin ni ovin, et pas d’huile vierge d’Argan…
Depuis 1998, une grande partie de l’Arganeraie du Maroc a été classée “réserve de Biosphère” par le programme M.A.B. (l’Homme et la Biosphère) de l’U.N.E.S.C.O. Ces réserves sont des sites qui reçoivent leur label pour leur volonté de concilier préservation de la nature et développement des activités humaines. En respectant une utilisation rationnelle de leurs ressources naturelles et une gestion écologique de leur territoire, ces réserves doivent, logiquement, pouvoir permettre de fournir des bases scientifiques visant à améliorer les relations entre l’être humain et la nature.
Presque indestructible, l’Arganier est pourtant appelé à disparaître s’il n’est pas, très rapidement, protégé efficacement contre son seul véritable ennemi : l’accroissement démographique incontrôlé de notre espèce et la logique de surexploitation et de dégradation de l’environnement qui en résulte.
Actuellement, l’Arganeraie compte moins de 20 millions d’arbres répartis sur un peu plus de 800.000 hectares, et on estime que, depuis un siècle, sa superficie totale et son nombre d’arbres ont diminué de moitié…